On ne piétine pas les étoiles: Chronique d’une mission humanitaire (1999) / Document

de François Lefort

Le contraire de la langue de bois !
Lorsque les chaînes de télévision s’en sont allées vers quelque audimat, il n’est resté aux réfugiés du Rwanda qu’à errer dans la forêt hostile avant de s’affaler à bout de forces pour lécher leurs blessures en attendant la mort.
C’est l’heure de François Lefort. Médecin, le voici sans antenne chirurgicale. Prêtre, le voici sans plan pastoral. À d’autres les fonds de commerce clérico-humanitaire sur fond médiatique. Le voici désarmé qui avance en frère souffrant, n’ayant plus rien à donner qu’une infinie compassion. Sa faiblesse devient sa force au point qu’on en revient, au rythme d’un étonnant parcours, aux sources de la médecine et du sacerdoce : retour a l’essentiel. Ce parcours n’est pas imposé, il émerge peu à peu au rythme d’un journal tenu jour après jour sans trop de précautions de style pour partager angoisses, émerveillements, doutes, colères.
C’est bien sûr une page de l’histoire tragique du Rwanda. C’est aussi un document sur l’histoire de notre temps qui est celui de la violence, l’errance, du désespoir. Ne reste plus que l’espérance… François Lefort s’étonne lui-même – et il a la simplicité de nous faire partager son étonnement – devant l’accueil fait au prêtre, ministre de la guérison des coeurs. Ici on ne triche plus, on ne prêche plus parce qu’on a été le premier à charger sur ses épaules le fardeau des autres.
Nous manquions de partages fraternels et beaux. En voici un.

Prêtre du diocèse d’Alger depuis 1976, François Lefort est aussi médecin et a mené de nombreuses missions humanitaires au Liberia, au Rwanda et au Zaïre pour Médecins du Monde. Il a vécu dix ans (1985-1995) dans le désert mauritanien. Il a été à l’origine de nombreux projets en faveur des enfants des rues dans le monde (association Aimer). Actuellement, il dessert des paroisses dam la région de Taizé (Bourgogne). Il est l’auteur entre autres, de Mauritanie, la vie réconciliée (en collab., « Les Enfants du Fleuve » Fayard, 1990), Le Désert de l’homme fou, (Plon, 1994) et La Descente des Champs-Élysées, (Descente De Brouwer, 1998).