Inhumation de Protais Zigiranyirazo à Orléans : une offense à la mémoire des victimes du génocide des Tutsi.
Ibuka France a appris avec consternation que la dépouille de Protais Zigiranyirazo, beau-frère de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana et figure centrale du régime génocidaire, a été transportée depuis le Niger et sera inhumée à Orléans le 28 août prochain, après une cérémonie programmée en l’église Saint-Paterne. L’autorisation de telles obsèques laisse apparaître une inquiétante absence de considération pour le risque d’atteinte à la mémoire du génocide des Tutsi.
Protais Zigiranyirazo, connu sous le nom de « Monsieur Z », a longtemps été désigné comme l’un des piliers du régime qui a organisé le génocide des Tutsi au Rwanda, au cours duquel plus d’un million de personnes ont été exterminées en cent jours. Condamné à une peine de 20 ans en 2008 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), il fut acquitté en appel, en 2009, pour des motifs strictement procéduraux et non à la suite d’un débat sur le fond. Aucun pays n’ayant accepté de l’accueillir, il a terminé sa vie dans une résidence surveillée de l’ONU au Niger.
Que la France, qui lui avait fermé ses portes de son vivant, accepte aujourd’hui d’accueillir sa dépouille pour l’inhumer dans le cimetière où a reposé pendant près de 60 ans le corps de Jean Zay avant son transfert au Panthéon est totalement incompréhensible et constitue une offense à la mémoire des victimes du génocide des Tutsi au Rwanda. L’ampleur donnée à cette cérémonie fait courir un risque majeur de voir émerger, en plein cœur d’Orléans, un lieu de rassemblement et de pèlerinage pour les nostalgiques du régime génocidaire.
Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé. La France a déjà accueilli le corps de Jean Bosco Barayagwiza, condamné par le TPIR pour son rôle dans la création de la Radiotélévision des Milles Collines. Le colonel Anatole Nsengiyumva, un autre condamné du TPIR a aussi été aussi accueilli et inhumé en France. Ces précédents, désormais répétés, contribuent à banaliser la place accordée à la souffrance des victimes dans l’espace public et porte atteinte à la mémoire du génocide des Tutsi au Rwanda.
Ibuka France appelle les autorités publiques et locales à prendre les mesures pour éviter que cette inhumation ne se transforme en démonstration de réhabilitation et pour garantir que la tombe de Protais Zigiranyirazo ne devienne jamais un point de ralliement au service de la négation ou de la glorification du régime qui a commis le génocide des Tutsi.
Au regard de son histoire, au regard du travail de mémoire, de justice et de vérité qu’elle a entrepris avec courage, la France devrait laisser à d’autres nations la responsabilité d’accueillir les dépouilles des prisonniers du TPIR.
A Paris, le 25 Août 2025.
Contact : contact@ibuka-france.org