IBUKA FRANCE

Mémoire, Justice et Soutien aux rescapés du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994

LE RWANDA AUJOURD’HUI

Après le génocide, le Rwanda panse les plaies du traumatisme

Plus de dix-sept ans après le génocide rwandais, qui a fait plus de 800 000 morts tutsis et hutus modérés, près de 30 % de la population vit encore hantée par ce choc.

Une forme de traumatisme psychologique se transmet aux jeunes.

Outre les thérapies classiques, les Rwandais ont recours à une thérapie de groupe pour ressouder les communautés villageoises.

Une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’an dernier a montré que 28 % de la population du Rwanda souffre de troubles psychologiques, notamment de la peur que le génocide ne recommence. Au « pays des Mille Collines » , Butare, aujourd’hui renommé Huye, est une grande ville, située dans le sud, où les tueries de 1994 ont été particulièrement importantes. Les troubles auxquels les soignants ont à faire face sont complexes et persistants. Ils concernent essentiellement les enfants et adolescents de l’époque qui, aujourd’hui, ont entre 17 et 35 ans et sont parfois mariés, avec des enfants.

« Chez ces personnes, tout se passe comme si, malgré le temps qui s’écoule, elles devenaient plus fragiles. Cette anxiété post-traumatique peut d’ailleurs, dans certains cas d’abus d’alcool, évoluer en violence domestique », prévient Vincent Sezibera. De retour dans son pays, après une thèse soutenue en 2008 à l’Université catholique de Louvain (Belgique) sur le traumatisme chez les jeunes survivants du génocide rwandais, ce jeune professeur de psychopathologie – un temps séminariste en RDC – approfondit ses travaux à la tête d’un nouveau laboratoire à la faculté de médecine de Butare.

« L’urgence, c’est de suivre davantage de patients, de trouver de nouvelles modalités de prise en charge, mais aussi de former des psychologues professionnels. Aujourd’hui, nous avons 540 étudiants en licence et master, dont une majorité de filles », indique le médecin. De quoi commencer à étoffer les effectifs dans cette branche médicale au Rwanda, qui dispose d’environ 300 psychologues diplômés pour une population de 10 millions d’habitants.

« En 1994, des Rwandais ordinaires ont tué leurs voisins »

Vincent Sezibera, dont la propre famille a été touchée par le génocide, a suivi avec son équipe, pendant cinq ans, 350 orphelins qui avaient entre 1 et 18 ans au moment des massacres. L’analyse de leurs traits psychologiques, analysés en fonction des critères de l’OMS, fait ressortir que les filles sont plus vulnérables que les garçons, notamment celles qui avaient entre 5 et 12 ans au moment des exactions.

Qu’ils soient filles ou garçons, les plus vulnérables sont davantage sujets à la dépression si, en plus, ils doivent aujourd’hui jouer le rôle de grand frère ou de grande sœur. Outre le stress post-traumatique, ils peuvent présenter des pathologies somatiques comme des maux de tête, des troubles hormonaux ou des troubles des règles, ainsi qu’une difficulté d’intégration sociale au lycée.

Comment expliquer cela ? « Le choc a été tellement massif que la victime doit mobiliser beaucoup d’énergie pour se défaire de certaines images, pour ne plus penser aux massacres. Il faut savoir qu’en 1994 ce sont des Rwandais ordinaires qui ont tué leurs voisins. Qui était la victime ? Qui était le bourreau ? Ont-ils demandé pardon ? Justice a-t-elle été faite ? À qui puis-je faire confiance aujourd’hui ? », interroge le psychologue.

Une transmission liée à l’environnement familial

« Mais ce qui est à la fois intrigant et inquiétant, c’est que des jeunes, fils ou filles de parents rescapés du génocide, présentent aussi ces troubles », constate Vincent Sezibera : « Comme s’il existait une forme de transmission du traumatisme psychologique. Une transmission qui ne passerait pas nécessairement par la filiation biologique parents-enfants, mais qui serait liée à l’environnement familial, aux non-dits. »

Conscients du profond ancrage de ce stress post-traumatique dans l’âme et le corps des gens, les Rwandais ont recours aux thérapies classiques (psychanalyse, techniques neurocomportementales, ethno-psychiatrie). Mais, soucieux en même temps de ressouder la structure villageoise, ils ont inventé l’ubudehe. Il s’agit d’un travail en commun, comme la culture d’un champ par exemple, animé par un conciliateur.

« Non seulement cela répond à un besoin économique, mais en plus cela remplit un rôle social et psychologique vis-à-vis de chaque personne qui est encouragée et soutenue », explique le médecin. Cette méthode qui, en outre, a permis de résoudre le problème des consultations individuelles qu’il était impossible d’assurer vu le trop petit nombre de psychologues, semble porter ses fruits. D’ailleurs, récemment, l’Ouganda voisin a demandé à l’adopter.

DENIS SERGENT, à Butare (Rwanda)

 

Population en 2011

La population rwandaise atteint 10,7 millions d’habitants en 2011, dont les femmes représentent 52 % de la population totale du pays d’Afrique centrale, a-t-on appris des sources officielles mercredi.
Dans un rapport publié dans la capitale Kigali, l’Institut national des Statistiques du Rwanda (NISR) a indiqué que la vaste majorité de la population rwandaise sont ceux de 15 à 59 ans, représentant 53,8 % de la population générale.

Avec un des plus hauts taux de croissance démographique en Afrique, la population rwandaise double tous les 25 ans, selon le NISR.

En 2011, le taux de la croissance démographique naturelle du Rwanda est estimé à 305.559 personnes, d’après le rapport

 

Économie

L’économie du Rwanda est principalement marquée par sa forte dépendance de l’agriculture (40% du PIB), une croissance annuelle de plus de 6 %, un développement des services, une faible industrialisation et une très forte densité démographique (>300 hab./km²). L’inflation est d’environ 4 %, et, si le PIB par habitant est d’environ 200 € par an, le PIB PPA annuel (pondéré par le pouvoir d’achat) moyen par habitant est de 945 dollars. Son indice de développement humain est de l’ordre de 0,40 en 2002, c’est-à-dire dans la moyenne des pays voisins.

En décembre 2004, un euro valait 740 francs rwandais (aujourd’hui 820 FRW). Il n’y a plus de change « au noir », le gouvernement a structuré la profession, après avoir emprisonné quelques récalcitrants. Un économiste dans une administration peut toucher 100 000 francs par mois, soit 135 euros. Un maître-assistant à l’université peut toucher environ 175 000 francs par mois, soit 235 euros. Les salaires de l’administration sont effectivement payés. À Kigali, un chauffeur pour une journée demande 5000 francs, soit 6,76 euros. Une course en taxi individuel pour environ 5 km à Kigali revient à 2000 francs, soit 2,70 euros, une coupe homme chez le coiffeur environ 700 francs, une heure d’Internet dans un cyber-centre 500 francs, une brique d’un demi-litre de lait UHT 450 francs, une bouteille de 33 cl d’eau de source 250 francs, une brochette de chèvre-frites environ 600 francs (variable), une heure de parking au centre de Kigali 100 francs.

Le Rwanda dispose de quelques ressources minérales, telles qu’étain, columbo-tantalite (minerai de niobium et tantale, souvent dit coltan), or, tungstène et béryl. Hormis la question de l’eau courante qui manque à beaucoup, l’un des problèmes majeurs du Rwanda est celui de l’énergie. En 2005 moins de 4 % des Rwandais sont branchés au réseau d’électricité, et ce réseau est loin de couvrir les besoins de ses abonnés qui subissent de fréquentes et longues coupures. Les possibilités de développement local de la production d’énergie sont subordonnées à des accords avec les pays voisins, dans une région marquée par une grande instabilité politique qui plombe les projets possibles.

Le secteur du bâtiment se porte bien. Kigali est passé en vingt ans de quelques dizaines de milliers d’habitants à près d’un million.

Le gouvernement a une perspective globale qualifiée sous le nom de « Vision 2020 ». Ce projet directeur table sur une croissance de 7 %, un développement du secteur privé, une modernisation de l’agriculture et veut faire du Rwanda un centre régional de services pour l’Afrique des grands lacs.

Le gouvernement rwandais s’est rapproché des initiateurs du projet du NEPAD et partage leur vision.

Depuis 2001, le Rwanda a réformé de manière constante ses lois commerciales et ses institutions. En 2008, le Rwanda a introduit une nouvelle loi sur les sociétés qui simplifie la création des entreprises et renforce les protections des actionnaires minoritaires. Les entrepreneurs peuvent maintenant créer une entreprise en 2 procédures et 3 jours. Les transactions entre parties font l’objet d’exigences d’approbation et de divulgation plus strictes. Les dispositions juridiques régissant la responsabilité des dirigeants d’entreprise dans le cas de transactions préjudiciables entre les parties intéressées ont également été renforcées. Le Rwanda a amélioré ses réglementations pour faciliter l’accès au crédit par l’adoption de deux nouvelles lois. La nouvelle loi relative aux sûretés mobilières facilite les prêts garantis en permettant à une gamme plus large d’actifs d’être utilisés comme garantie bancaire. La loi permet également une entente extra-judiciaire de sûretés mobilières aux créanciers nantis et leur donne une priorité absolue dans le cadre de la faillite. L’adoption de la nouvelle loi sur l’insolvabilité au Rwanda a simplifié les procédures de réorganisation. Les réformes ont également inclus des mesures visant à accélérer le commerce transfrontalier et l’enregistrement des propriétés foncières. Les retards aux frontières ont été réduits grâce à des heures d’ouverture plus longues, et des exigences en matière de documentation plus simples. Les réformes ont retiré les goulots d’étranglement qui existaient au niveau du registre des propriétés et de l’Administration des recettes fiscales, en réduisant le temps exigé pour enregistrer une propriété de 255 jours[40].

Ceci a permis, pour la première fois un pays d’Afrique subsaharienne, le Rwanda, d’arriver en tête dans les réformes d’après le rapport de la banque mondiale « Doing Business 2010 » et de faire un bond de géant (76 places) au classement général en se hissant à la 67e place sur 183 pays évalués ; il était classé 143e l’année d’avant[40].

Le PIB par secteurs[41] : Agriculture : 42,6% Industries : 22,2% Services : 35,2%

Principaux partenaires d’exportations[41] : La Chine : 9,1% La Thaïlande : 8,6% L’Allemagne : 7,3% Les

États-Unis : 4,5% La Belgique : 4,1%

Entre 2005 et 2010, le nombre d’enfants par femme est de 5,4[27]. Les dépenses publiques pour la santé sont de 27,3 % du budget de l’État (en 2006)[27].

Bien qu’étant un des pays les plus pauvres du monde, 92 % de la population rwandaise dispose d’une assurance maladie publique, soit plus que dans la plupart des pays développés[28].

BANQUE MONDIALE :  Les Futurs Moteurs de la Croissance au Rwanda, le 20 décembre 2018

 

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